
Penser que la silver economy se résume à la dépendance est la plus grande erreur stratégique actuelle.
- Le vrai marché est tiré par des seniors actifs qui représentent près de 50% de la consommation totale en France.
- Les opportunités se nichent dans l’habitat, les loisirs et la tech qui répondent à des aspirations, pas seulement à des besoins de base.
Recommandation : Cessez de vendre à « un âge » et commencez à concevoir pour des « moments de vie » afin de capter ce marché en pleine mutation.
Le mot « senior » évoque quasi instantanément des images de fauteuils médicalisés, d’alertes au poignet et de services d’aide à la personne. Pour de nombreux entrepreneurs, la silver economy semble se résumer à un marché unique : celui de la dépendance. Cette vision, alimentée par l’inévitable vague démographique du vieillissement, conduit à des stratégies focalisées sur la gestion de la perte d’autonomie, un segment certes réel, mais qui ne représente que la partie émergée et la moins dynamique de l’iceberg.
La réalité est infiniment plus complexe et prometteuse. Réduire les plus de 60 ans à une catégorie homogène définie par ses fragilités est une profonde erreur d’analyse. C’est ignorer leurs projets, leur pouvoir d’achat considérable et, surtout, leurs nouvelles aspirations. Et si la véritable croissance ne se trouvait pas dans la gestion de la fin de vie, mais dans l’accompagnement d’une toute nouvelle phase de vie, pleine de projets, de désirs de transmission et de quête de bien-être ? C’est ce changement de paradigme qui est au cœur des véritables opportunités.
Cet article se propose de déconstruire les stéréotypes pour révéler la richesse et la diversité du marché des seniors. Nous allons d’abord segmenter cette population non pas par âge, mais par profils de vie. Ensuite, nous identifierons les gisements de valeur bien au-delà de la santé, avant d’explorer comment concevoir et commercialiser des offres qui séduisent sans stigmatiser. Enfin, nous nous projetterons dans les tendances qui dessinent l’avenir de ce secteur économique majeur.
Pour ceux qui préfèrent une démonstration en images, la vidéo suivante illustre parfaitement comment la technologie, à l’image des solutions SilverFit, peut se mettre au service du bien-vieillir de manière ludique et engageante, bien loin des clichés anxiogènes.
Pour naviguer efficacement dans ce paysage complexe, il est essentiel d’en comprendre les multiples facettes. Le sommaire ci-dessous vous guidera à travers les différentes strates de la silver economy, des profils de consommateurs aux secteurs les plus porteurs.
Sommaire : Naviguer dans les opportunités réelles de l’économie des seniors
- Les seniors n’existent pas : les 4 profils de plus de 60 ans à connaître avant de vous lancer
- Habitat, tourisme, santé : où se trouvent les vraies opportunités de la silver economy ?
- Le « design for all » : comment concevoir un produit qui plaît aux seniors (et à leurs enfants)
- Comment vendre aux seniors sans leur parler de leur âge ?
- La « Silver Tech » : quand la technologie se met au service du bien-vieillir
- Les 3 méga-tendances qui créent les business de demain (et comment s’y positionner)
- Comment calculer la rentabilité réelle d’un investissement locatif (et éviter les mauvaises surprises)
- Où se cache la croissance de demain ? Le radar des secteurs d’avenir
Les seniors n’existent pas : les 4 profils de plus de 60 ans à connaître avant de vous lancer
Le premier pas pour pénétrer la silver economy est de faire le deuil du concept de « senior » comme un bloc monolithique. Le vieillissement n’est pas un état, mais un processus hétérogène. En France, bien que plus de 21% de la population ait plus de 65 ans, cette donnée démographique masque une immense diversité. La segmentation officielle, issue du contrat de filière, propose une vision fonctionnelle en trois groupes : les seniors actifs et autonomes, les fragiles (avec quelques limitations) et les dépendants. Si cette approche est utile pour les services sanitaires et sociaux, elle est très réductrice d’un point de vue business et marketing.
Une approche plus fine et plus inspirante consiste à segmenter non pas par l’âge ou la santé, mais par les « moments de vie » et les aspirations. Ces moments-clés (passage à la retraite, départ du dernier enfant, naissance d’un petit-enfant, déménagement, veuvage) sont des points de bascule qui reconfigurent les besoins et les désirs. L’aspiration massive au maintien à domicile, confirmée par 84% des 55 ans et plus selon une analyse de l’IFOP, n’est pas un signe de repli, mais une quête de continuité et de maîtrise de son environnement.
Voici donc quatre profils basés sur ces aspirations, bien plus parlants pour un entrepreneur :
- Les « Transmetteurs » (60-70 ans) : Souvent jeunes retraités, ils sont en pleine forme et disposent d’un « capital expérience » qu’ils souhaitent valoriser. Ils cherchent des projets, des formations (pour eux ou pour transmettre), des voyages culturels et des outils pour gérer et transmettre leur patrimoine.
- Les « Hédonistes » (65-75 ans) : Leur priorité est de profiter de la vie. Ils sont de grands consommateurs de loisirs, de tourisme, de gastronomie et de bien-être. Ils sont sensibles aux offres qui leur promettent confort, plaisir et sécurité, sans jamais les infantiliser.
- Les « Connecteurs » (70 ans et +) : Confrontés à l’éloignement de la famille ou à la réduction du cercle social, leur aspiration principale est de maintenir le lien. Des start-ups comme Neosilver l’ont bien compris en ciblant les millions de personnes touchées par la solitude, proposant non pas un service d’aide, mais une plateforme d’activités et de rencontres.
- Les « Pragmatiques » (75 ans et +) : Face à l’apparition de fragilités, ils cherchent des solutions pour simplifier leur quotidien et préserver leur autonomie le plus longtemps possible. C’est le marché de l’habitat intelligent, des services à la personne de qualité et de la prévention santé, mais toujours abordé sous l’angle du « mieux vivre ».
Comprendre ces profils, c’est réaliser que l’on ne vend pas un produit « pour vieux », mais une solution pour un projet de vie spécifique.
Habitat, tourisme, santé : où se trouvent les vraies opportunités de la silver economy ?
Une fois les clichés sur les profils de seniors dépassés, un immense champ d’opportunités se révèle, bien au-delà de la seule santé. Le marché global de la silver économie en France est un géant économique, estimé par Bpifrance à près de 130 milliards d’euros d’ici 2030. Cette manne financière ne se concentre pas uniquement dans les EHPAD, mais se diffuse dans de multiples secteurs qui répondent aux aspirations de bien-être, de confort et d’intégration sociale.
L’habitat est sans doute le pilier central. L’enjeu n’est plus seulement de construire des résidences médicalisées, mais de créer des écosystèmes de vie. Cela inclut les résidences services nouvelle génération, l’habitat partagé ou intergénérationnel, et surtout l’adaptation du logement existant. Les solutions de domotique, les aménagements ergonomiques et esthétiques, et les services de proximité (conciergerie, livraison, etc.) constituent un marché colossal.

Comme le montre cette vue d’ensemble, l’habitat senior de demain est un lieu de vie ouvert, intégré à la ville et connecté à un ensemble de services. Le tourisme et les loisirs représentent un autre gisement de croissance majeur. Les seniors « hédonistes » sont des voyageurs exigeants, à la recherche d’expériences culturelles, de confort et de sécurité. Les offres de « slow tourisme », les croisières thématiques, les séjours bien-être et les activités sportives douces (yoga, randonnée adaptée) connaissent une forte demande. Le défi est de proposer des expériences enrichissantes sans être stigmatisantes.
Pour structurer cette vision, le tableau suivant, inspiré des analyses de marchés comme celles de Xerfi, synthétise les grandes branches du secteur et leur potentiel. Il met en lumière que si l’habitat est un pilier, le bien-être est une frontière en pleine expansion.
| Branche | Marchés principaux | Potentiel |
|---|---|---|
| Financement et transmission | Assurance complémentaire santé, assurance obsèques, viager | Fort |
| Habitat adapté et sécurité | Hébergement médicalisé, habitat intermédiaire, colocations | Très fort |
| Prévention et aide quotidienne | Aide et soins à domicile, HAD, portage de repas | Fort |
| Bien-être | Activités sportives, tourisme, nutrition | Émergent |
Finalement, la santé elle-même se transforme, passant d’une logique curative à une approche de prévention active. La nutrition, le coaching sportif adapté, le suivi du sommeil et les solutions de stimulation cognitive sont des marchés en plein essor, portés par le désir de « bien vieillir » plutôt que de simplement « se soigner ».
Le « design for all » : comment concevoir un produit qui plaît aux seniors (et à leurs enfants)
L’un des plus grands pièges de la silver economy est de créer des produits « pour les vieux » : stigmatisants, au design médicalisé et à l’ergonomie simpliste. La clé du succès réside dans une approche radicalement différente : le « design for all », ou conception universelle. Le principe est de concevoir des produits et services qui sont utilisables par le plus grand nombre, quel que soit l’âge ou la capacité physique, sans nécessiter d’adaptation. Un produit bien conçu pour un senior est souvent un produit plus confortable et plus simple pour tout le monde.
Pensez à une poignée de porte à levier (plus facile à actionner qu’un bouton rond), une douche à l’italienne (sans rebord à enjamber) ou une interface de smartphone avec de grandes icônes claires. Ces solutions, initialement pensées pour des personnes à mobilité ou vision réduite, bénéficient en réalité à tous : l’enfant, le parent pressé les bras chargés, ou toute personne en situation de fatigue. C’est là que réside la double valeur du « design for all » : il répond à un besoin spécifique sans exclure le marché de masse et sans jamais stigmatiser l’utilisateur principal.
Bien sûr, comme le souligne Bpifrance, cette approche ne dispense pas du respect des normes :
Les produits et services destinés aux seniors doivent respecter des normes strictes pour garantir leur sécurité et leur efficacité
– Bpifrance, Dossier La silver économie, un marché à fort potentiel
Cependant, la sécurité n’est que le socle de base. Le véritable enjeu est de combiner ergonomie, esthétique et plaisir d’usage. L’exemple de SilverFit est particulièrement éclairant.
Étude de cas : SilverFit, le jeu vidéo au service de la motricité
SilverFit conçoit des systèmes de rééducation et d’activité physique pour les personnes âgées basés sur des jeux vidéo. Plutôt que de proposer des exercices répétitifs et fastidieux, la solution transforme la thérapie en une expérience ludique. Les résidents en EHPAD ou les patients en clinique peuvent faire du vélo en parcourant un paysage virtuel ou travailler leur équilibre en jouant à un jeu projeté au sol. Le système s’adapte au niveau de chaque utilisateur, garantissant que l’activité reste un défi stimulant mais jamais décourageant. Utilisée dans des milliers d’établissements dans le monde, la solution SilverFit prouve qu’il est possible de répondre à un besoin de santé (bouger plus) avec une approche qui valorise le plaisir et l’engagement.
Ce cas illustre parfaitement les principes du design inclusif : se concentrer sur la capacité et non l’incapacité, valoriser l’expérience utilisateur et proposer un design attrayant qui donne envie.
Plan d’action : Votre checklist pour un design inclusif
- Points de contact : Listez tous les points d’interaction de l’utilisateur avec votre produit/service (emballage, interface, poignées, notice).
- Collecte des freins : Pour chaque point, identifiez les freins potentiels pour une personne avec une vue, une ouïe ou une dextérité réduite (texte trop petit, boutons difficiles à presser, alertes sonores uniquement).
- Confrontation à la valeur : Votre produit valorise-t-il l’autonomie ou souligne-t-il la dépendance ? Son design est-il esthétique et moderne ou purement fonctionnel et médical ?
- Test de mémorabilité et d’émotion : Le design est-il intuitif ? Procure-t-il une émotion positive (plaisir, confiance, fierté) ou négative (frustration, stigmatisation) ?
- Plan d’intégration : Priorisez les modifications qui apportent le plus de bénéfices en termes de confort et d’inclusivité, en commençant par les plus simples à mettre en œuvre.
Comment vendre aux seniors sans leur parler de leur âge ?
Personne n’aime être réduit à son âge, et les seniors encore moins. Le marketing destiné à cette cible est un exercice d’équilibre délicat. La pire erreur est d’adopter un ton infantilisant ou de se focaliser sur la perte et la fragilité. La communication doit au contraire mettre en avant des bénéfices universels : le confort, la sécurité, le plaisir, le lien social, la transmission. Le pouvoir d’achat colossal de cette population, qui représente une part très importante de la consommation en France, exige une approche respectueuse et intelligente.
L’une des stratégies les plus efficaces est le marketing intergénérationnel. Au lieu de montrer une personne âgée seule et isolée, on la met en scène dans des moments de partage avec ses enfants ou petits-enfants. Le produit n’est plus une « béquille pour senior », mais un « facilitateur de lien familial ». Une tablette simplifiée n’est pas vendue pour « aider Mamie à s’en sortir avec la technologie », mais comme un moyen pour « rester en contact avec toute la famille et voir grandir les petits-enfants ». Le bénéfice est émotionnel et relationnel, pas seulement fonctionnel.

Cette approche, illustrée ci-dessus, crée une image positive et valorisante. Les canaux de communication sont également cruciaux. Si les seniors sont de plus en plus connectés, ils conservent une grande confiance dans des médias traditionnels. Voici quelques stratégies éprouvées :
- Privilégier les canaux de confiance : La presse quotidienne régionale, les magazines spécialisés (Pleine Vie, Notre Temps) et les publications des caisses de retraite restent des vecteurs très puissants pour toucher cette audience avec crédibilité.
- Mettre en avant l’autonomie et la vitalité : La communication doit toujours être positive. On ne vend pas un « système anti-chute », mais une « solution pour bouger chez soi en toute sérénité ». Le vocabulaire est essentiel.
- Créer du contenu pratique : Les seniors sont en quête d’informations fiables sur des sujets qui les préoccupent (gestion du patrimoine, succession, aides financières disponibles, conseils santé). Proposer un contenu utile et de qualité est un excellent moyen de bâtir la confiance.
- Développer des partenariats : S’associer avec des réseaux existants comme les associations, les clubs de loisirs ou les mutuelles permet de bénéficier de leur caution et de toucher une audience qualifiée et en confiance.
En résumé, la clé est de ne pas « cibler » les seniors, mais de s’adresser à des adultes avec des projets de vie, en leur parlant de ce qui les anime, et non de ce qui les diminue.
La « Silver Tech » : quand la technologie se met au service du bien-vieillir
Le cliché du senior technophobe a la vie dure. Pourtant, la « Silver Tech » est aujourd’hui l’un des segments les plus dynamiques et innovants de la silver economy. Loin de se limiter aux gadgets de surveillance, elle englobe un large éventail de solutions visant à améliorer l’autonomie, le lien social et le bien-être. La crise sanitaire a d’ailleurs massivement accéléré l’adoption du numérique par les plus de 60 ans, qui l’utilisent pour garder le contact, se divertir, s’informer et gérer leur quotidien.
L’écosystème de la Silver Tech est particulièrement florissant. Rien qu’en Île-de-France, un recensement de mars 2024 dénombre déjà 97 entreprises technologiques et 27 structures d’accompagnement dédiées à ce marché. Ces start-ups et grands groupes développent des innovations dans plusieurs domaines clés :
- La E-santé : Télémédecine, objets connectés pour le suivi des constantes (tension, glycémie), piluliers intelligents, applications de coaching santé.
- La domotique et la sécurité : Maisons intelligentes avec éclairage et volets automatisés, chemins lumineux nocturnes, systèmes de détection de chute non-intrusifs.
- Le lien social : Plateformes de communication simplifiées, réseaux sociaux de proximité, solutions pour organiser des activités culturelles ou sportives adaptées.
- La stimulation cognitive : Applications et jeux conçus pour entraîner la mémoire, la logique et l’attention, souvent de manière ludique.
Le cas de Neosilver, fondée en 2018, est emblématique de cette approche. Partant du constat alarmant de l’isolement social qui touche des millions de personnes âgées, la startup ne propose pas un produit technologique, mais une solution au service du lien. Elle utilise la technologie pour organiser et proposer un catalogue d’activités (sportives, culturelles, artistiques), créant ainsi une communauté et luttant activement contre la solitude.
Cependant, ce secteur exige une vision à long terme. Comme le rappelle François Wohrer, Directeur de l’investissement à la Banque des Territoires, le succès dans ce domaine n’est pas immédiat :
L’avenir de la Silver économie nécessite des investisseurs patients et engagés
– François Wohrer, Directeur de l’investissement à la Banque des Territoires
Investir dans la Silver Tech, c’est parier sur une transformation profonde des modes de vie, où la technologie devient un allié invisible et bienveillant du bien-vieillir.
Les 3 méga-tendances qui créent les business de demain (et comment s’y positionner)
Au-delà des secteurs spécifiques, la silver economy est traversée par des vagues de fond qui redéfinissent les attentes des consommateurs. Les entrepreneurs qui sauront capter ces méga-tendances construiront les business les plus pérennes. Il ne s’agit plus seulement de « répondre à un besoin », mais de « s’inscrire dans une aspiration ». En voici trois particulièrement structurantes pour le marché des seniors.
- L’hyper-personnalisation : L’ère du produit unique « taille senior » est révolue. Les consommateurs, quel que soit leur âge, attendent des offres adaptées à leur situation, leurs goûts et leur rythme de vie. Pour la silver economy, cela se traduit par des services modulables. Par exemple, une aide à domicile qui n’est pas un forfait rigide mais un service à la carte (aide aux courses une semaine, accompagnement à un rendez-vous la suivante). Ou encore, un programme de coaching sportif qui s’adapte en temps réel aux capacités et à la forme du jour. La technologie (IA, objets connectés) est un formidable levier pour permettre cette personnalisation à grande échelle.
- L’économie de l’expérience et du lien social : Posséder des biens devient moins important que de vivre des expériences et de créer des souvenirs. Cette tendance est particulièrement forte chez les retraités qui ont du temps et l’envie de le mettre à profit. Les opportunités se trouvent dans tout ce qui crée de l’émotion et du partage : des voyages thématiques en petits groupes, des ateliers de transmission de savoir-faire (cuisine, jardinage, bricolage), des clubs culturels ou des plateformes qui facilitent la rencontre entre générations. L’enjeu est de vendre un moment, une histoire, et non plus un simple produit.
- La prévention active et holistique : La santé n’est plus perçue comme la simple absence de maladie, mais comme un état de bien-être global (physique, mental, social). La demande explose pour des solutions qui aident à « rester en forme » plutôt qu’à « se soigner ». Ce marché inclut la nutrition personnalisée, les applications de méditation et de gestion du stress, le « brain training » pour la stimulation cognitive, et toutes les formes d’activités physiques douces. Se positionner sur ce créneau, c’est devenir un partenaire du « capital santé » de ses clients, une approche bien plus valorisante que celle du prestataire de soins.
Ces trois tendances convergent vers une idée centrale : les seniors ne sont pas une population à charge, mais des clients exigeants et des acteurs de leur propre vie, en quête de solutions qui leur donnent plus de liberté, de sens et de plaisir.
Comment calculer la rentabilité réelle d’un investissement locatif dans l’habitat senior (et éviter les mauvaises surprises)
Investir dans l’immobilier destiné aux seniors est une piste prometteuse, mais elle obéit à des règles de rentabilité spécifiques, bien différentes de celles d’un investissement locatif classique. Se contenter de calculer un rendement brut (loyer annuel / prix d’achat) serait une grave erreur, car la valeur de ce type de bien repose autant sur les murs que sur l’écosystème de services qui l’entoure.
Le premier facteur à évaluer est la flexibilité et la modularité du logement. Un bien conçu selon les principes du « design for all » (accès de plain-pied, douche à l’italienne, domotique de base) aura non seulement un taux de vacance plus faible, mais aussi une valeur patrimoniale supérieure à long terme. Il pourra en effet séduire des locataires seniors, mais aussi des familles ou des personnes à mobilité réduite temporaire. La rentabilité ne se mesure donc pas seulement en loyer, mais aussi en potentiel d’occupation et en résilience face aux évolutions du marché.
Le deuxième pilier de la rentabilité est l’intégration de services. Dans le cas d’un investissement en résidence services seniors (RSS), le loyer facial est plus élevé, mais il faut analyser en détail les charges de copropriété et de services (restauration, animations, conciergerie). La performance de l’exploitant est ici la variable clé. Pour un investissement en direct, la proximité de services essentiels est ce qui crée la valeur : commerces accessibles à pied, cabinet médical, transports en commun adaptés. Un appartement isolé, même parfaitement rénové, sera moins rentable qu’un logement plus simple mais au cœur d’un « village » de commodités.
Enfin, il faut envisager des modèles innovants comme la colocation intergénérationnelle ou l’habitat partagé entre seniors. Ces solutions offrent des rendements souvent supérieurs à la location classique, car on loue des chambres individuellement tout en mutualisant les espaces communs. Le calcul de rentabilité doit alors intégrer des coûts de gestion potentiellement plus élevés (recherche de locataires, médiation) mais aussi des loyers cumulés plus importants et un impact social positif qui peut donner accès à certaines aides ou avantages fiscaux.
Pour éviter les mauvaises surprises, le calcul de la rentabilité nette doit donc impérativement soustraire du loyer annuel : les charges non récupérables, la taxe foncière, les frais de gestion, les assurances, et une provision pour travaux bien plus conséquente qu’un logement standard, car l’usure et le besoin de mise aux normes sont plus fréquents.
Points clés à retenir
- Déconstruire le cliché : la silver economy n’est pas le marché de la dépendance, mais celui des nouvelles aspirations des seniors.
- Segmenter par « moments de vie » : analysez les besoins en fonction des projets (retraite, transmission) plutôt que de l’âge.
- Penser « design for all » : concevez des produits inclusifs et esthétiques qui bénéficient à tous, sans stigmatiser.
Où se cache la croissance de demain ? Le radar des secteurs d’avenir
Au terme de ce parcours, le paysage de la silver economy apparaît bien plus riche et nuancé qu’il n’y paraît. La croissance de demain ne se cache pas dans une multiplication des solutions palliatives, mais dans l’invention de services et produits qui accompagnent une vie plus longue, plus active et plus riche de sens. Le radar des opportunités pointe clairement vers trois directions cardinales : le bien-vivre, le lien et la prévention.
Le « bien-vivre » englobe tout ce qui touche au confort, au plaisir et à l’épanouissement personnel. C’est l’habitat intelligent qui s’adapte en douceur, le tourisme d’expérience qui nourrit l’esprit, la nutrition qui allie plaisir et santé. Le « lien » est le grand marché de la lutte contre l’isolement. Il ne s’agit pas d’outils de communication, mais de plateformes créatrices de communautés, d’activités partagées et de projets intergénérationnels. Enfin, la « prévention » est le nouveau paradigme de la santé, où l’on investit pour rester en forme plutôt que pour se soigner, via le coaching, le sport adapté et la stimulation cognitive.
Réussir sur ce marché exige un changement de posture radical : passer de prestataire pour « personnes âgées » à partenaire de « projet de vie ». Cela implique d’écouter les aspirations, de respecter l’intelligence des clients et de proposer des solutions qui augmentent leur liberté, pas leur dépendance. L’entrepreneur qui comprendra que l’on vend du confort, du lien et de la vitalité, et non des produits pour un âge, aura capté l’essence de la silver economy et se positionnera au cœur de la croissance de demain.
Pour passer de la vision à l’action, l’étape suivante consiste à analyser en profondeur le « moment de vie » que votre projet adresse. Évaluez dès maintenant votre concept à l’aune de ces nouvelles grilles de lecture pour construire une offre réellement pertinente et bâtir une entreprise prospère sur le marché le plus prometteur du 21e siècle.